L’Astrologie existentialiste® – Fondements
L’homme au cœur du monde
L’Astrologie existentialiste situe l’homme au cœur des différents déterminismes (hérédité, société, culture, famille, environnement naturel proche et lointain) sous l’influence desquels il est appelé à construire un chemin de liberté avec une conscience éclairée.
L’influence astrologique que nous considérons comme un déterminisme non-absolu peut être comprise comme une structure rythmique englobante à l’intérieur de laquelle les différentes influences de notre environnement s’articulent ou se synchronisent dans des rapports mutuels complexes qui restent à déchiffrer (1).
L’Astrologie existentialiste a pour objectif premier de décrire les influences célestes auxquelles le sujet est exposé afin de l’amener à mieux conscientiser comment son être est partie prenante de déterminismes ou de liens, dit autrement, choisis et non choisis qui ne le définissent pas pour autant, ni ne l’enferment radicalement. Être de désir, il y a une liberté existentielle à conquérir au sein d’un monde complexe en constante transformation.
Une liberté à conquérir
L’Astrologie existentialiste offre la possibilité à quiconque de reprendre en main le devenir de son existence par le développement de sa capacité à mieux identifier et, par là même, se distancier des influences du milieu qui entravent le développement de sa singularité existentielle et qui sont susceptibles d’affaiblir ou d’inhiber sa puissance d’exister. Il ne s’agit pas pour autant de tenter de s’extraire de ces influences, ni de refouler tous les liens non choisis qui s’imposent à soi, mais bien au contraire, de mieux les assumer, car les ignorer sciemment serait une forme de fuite en dehors de sa réalité existentielle. Ce sont tous ces liens qui donnent une densité à notre histoire, ce sont tous ces liens qui expriment nos tropismes, nos affinités électives, nos désirs les plus profonds. La liberté est toujours un effort, une conquête individuelle qui s’inscrit dans un milieu quel qu’il soit, étant admis qu’il n’y a pas d’organismes sans milieu, ni, inversement, de milieu sans organismes.
Une liberté hors-sol, libre de toutes contraintes ou influences serait, de notre point de vue, une liberté illusoire. Une vie librement vécue et choisie ne peut qu’être qu’un chemin progressif d’émancipation, de libération de notre puissance d’être, construite patiemment à l’intérieur même de ce qui nous contraint, à l’intérieur même d’un monde que nous avons malgré tout la possibilité de changer en nous transformant nous-mêmes. Telle est la philosophie qui sous-tend l’Astrologie existentialiste.
Un nouveau langage astrologique
L’Astrologie existentialiste, techniquement parlant, s’appuie sur les réalités physiques du système solaire, son ordre, ses structures à partir desquels il est possible de définir un nouveau langage astrologique construit sur la base des signaux concrets que sont les rythmes zodiacaux et planétaires (2). À ce titre, elle reprend à son compte les apports inestimables de l’Astrologie conditionaliste fondée par Jean-Pierre Nicola.
Limites du symbolisme astrologique
Le symbolisme astrologique par sa nature polysémique ne peut constituer une base suffisamment solide, claire et adéquate pour analyser les influences célestes. Dans la pratique, le langage symbolique non étayé par le soubassement que constituent les signaux concrets amène trop souvent le praticien à des approximations ou errances interprétatives. Avec, de surcroît, le risque que ce langage symbolique déconnecté du réel et non soutenu par une méthodologie rigoureuse devienne le vecteur des projections de l’imaginaire de l’interprète, de ses désirs, de ses peurs, de ses problématiques personnelles. Ce qui irait à contresens de ce que le travail d’interprétation est supposé apporter au consultant : de la clarté, de l’objectivité, de la lucidité, du discernement.
L’Astrologie conditionaliste
C’est pourquoi les fondements théoriques et concrets de l’Astrologie conditionaliste, ses méthodes éprouvées par la pratique partagée des praticiens conditionalistes depuis plus d’une quarantaine d’années, nous paraissent les seules valables pour contourner ou minimiser les errances interprétatives et les projections de l’imaginaire.
Psychologie existentielle
Enfin, au-delà de la technique purement astrologique, l’Astrologie existentialiste qui situe son champ d’action dans l’accompagnement des personnes, articulera sa démarche avec les apports des différents courants thérapeutiques issus de la psychologie existentielle, systémique ou situationnelle. Le praticien se réclamant de l’Astrologie existentialiste devra par conséquent posséder une expérience clinique significative d’accompagnement dans un ou plusieurs de ces courants thérapeutiques.
Notes
1- Les interactions entre environnement et organismes vivants ne reposent pas que sur des liens de causalités mécaniques. Les organismes vivants ne sont pas des machines ! Il existe d’autres modes d’interactions intriquées, complexes. (cf. Miguel Benasayag, La singularité du vivant, ed. Le Pommier, 2017). Ces modes d’interactions (physiques, biologiques) concernent l’astrologie et son caractère influentiel. Dans le même ordre d’idée, le terme ‘déterminisme’ tel que nous l’utilisons, n’a pas le sens classique d’un déterminisme physique pur et dur. Il faut le comprendre comme un ensemble d’interactions complexes avec lequel l’homme a partie liée et qui sont articulables avec ses déterminations propres (celles que sa conscience pourrait lui dicter, celles de sa dynamique désirante, par exemple). Entre les déterminismes ou, dit autrement, les infinités de liens qui nous constituent et les situations concrètes de nos existences où chacun est appelé à jouer sa partition individuelle, à exprimer sa singularité existentielle, existe une dimension aléatoire (cf. Miguel Benasayag, Fonctionner ou exister ?, ed. Le Pommier, 2018). On voit ainsi que nos vies ne sont pas prédéterminées et qu’il existe du possible. Cette ‘brèche du possible’ dans le tissu des situations auxquelles nous sommes liés permet par conséquent l’émergence ou l’avènement d’une liberté existentielle. À ce niveau, peut exister des bifurcations, des lignes d’émancipation, des élans essentiels vers un plus d’être auxquels la situation peut nous convoquer, nous appeler. Changer, se transformer est toujours risqué, car il y a une part d’indécision, d’incertitude (en raison des inconnus que porte en elle toute dynamique situationnelle) où le libre arbitre individuel montre ses limites. En effet, la liberté existentielle est toujours contrainte, incluse dans des tissus situationnels, mais elle n’en est pas pour autant prisonnière. Le paradoxe entre liberté et contrainte se résout lorsque nous osons prendre le risque assumé de mettre notre petit moi au service d’un appel qui le dépasse et qui n’est autre que celui du mouvement incessant de la vie qui nous pousse à nous transformer. En dernière instance, il est toujours possible de refuser cet appel si nous n’avons pas la capacité d’assumer la part de risques qu’il comporte. Il n’y a là rien de honteux, chacun fait selon ses capacités mobilisables, selon sa conscience du moment. Quand ce n’est pas le moment, ce n’est pas le moment !
Cette réflexion m’amène à émettre de sérieux doutes sur la recherche ou promesse d’un mieux-être qui consisterait selon certains astrologues à harmoniser son moi avec son ciel ! Je citerais bien volontiers à ce titre George Canguilhem dans son livre Le normal et le pathologique : « L’organisme sain cherche moins à se maintenir dans son état et son milieu présents qu’à réaliser sa nature. » Il s’ensuit que le déploiement de sa singularité, autrement dit son rapport au monde particulier est signe de bonne santé. Une santé qui n’est pas pour Canguilhem l’aboutissement ou la recherche d’un équilibre harmonieux ou d’une adaptabilité maximale avec son milieu de vie, mais un déploiement courageux de sa singularité qui peut amener une déstabilisation transitoire du sujet dans son rapport au monde, dans son rapport aux autres, dans son rapport à son propre corps. Car déployer sa singularité n’est pas obligatoirement poursuivre « le service des biens ». D’ailleurs, savons-nous ce qui est le bien de l’autre ? Cette conception de ce que peut être la santé lorsqu’on accepte de sortir des clichés et de la normativité bio-médicale a beaucoup nourri ma réflexion de thérapeute et d’astrologue il y a une bonne quinzaine d’années. Et je crois qu’il est important que les praticiens astrologues osent explorer d’autres chemins, d’autres voies de connaissance dans d’autres branches du savoir. Certains le font et c’est évidemment heureux, car ils enrichissent l’astrologie, d’autres restent hélas enfermés dans leur pratique, leur savoir, sans les questionner, sans les ouvrir à un examen critique.
2- Le zodiaque est fondé sur un cycle de signaux concrets (rapports jour/nuit), les fonctions planétaires, avant d’être des symboles, sont également des signaux cosmiques dont la cohérence et la persistance millénaire de leurs cycles, comparables à des horloges externes, ont permis une intégration progressive de leurs cycles dans les étapes du développement humain (théorie des âges). Si ce n’était pas le cas, il n’y aurait pas de science astrologique ! Car, par quel pouvoir un symbole planétaire dessiné sur du papier aurait la mystérieuse capacité de nous rendre sensibles aux cycles de la planète qu’il représente ? Le symbole astrologique ne peut qu’être qu’une traduction cérébrale d’un signal planétaire perçu par l’espèce humaine (probablement par voie neurobiologique). Ceci étant dit, il n’est pas question d’opposer radicalement signal et symbole, ni d’exclure l’un au profit de l’autre, mais plutôt d’essayer de comprendre comment les signaux et symboles communiquent dans l’Homme et s’enrichissent, étant entendu, que derrière un symbole vivant, préexiste toujours un signal concret, et que ce dernier est premier dans le processus d’émergence du symbole et, en donne bien souvent la clef interprétative.