Astrologie existentialiste, pourquoi ?


De plus en plus de courants ou pratiques astrologiques paraissent délaisser toute référence à l’astronomie au profit d’un langage symbolique de plus en plus déconnecté du réel. N’oublions pas que l’astrologie est fondée sur l’astronomie depuis son origine mésopotamienne. Ce renversement est inquiétant car il sape les fondements mêmes de l’astrologie.

Un phénomène mondial inquiétant

Autre phénomène tout aussi inquiétant, depuis plusieurs décennies circulent dans la culture mondiale des contenus spiritualistes (avec des relents platoniciens) qui relèguent au second plan, quand ils ne l’évacuent pas totalement, la dimension incarnée de l’existence. Le transhumanisme en est un des vecteurs principaux. Ce phénomène touche plusieurs branches du savoir, les sciences physiques, biologiques, neuro-cognitives, les bio-technologies, certaines approches philosophiques et astrologiques.

Ce déracinement ontologique me paraît délétère, car il véhicule l’idée que la solution aux problèmes existentiels de l’homme se trouverait dans un futur prométhéen fantasmatique ou dans un au-delà purement imaginaire où tout serait possible, où les limites du vivant seraient abolies (la mort étant la plus radicale). Cette promesse d’un « tout est possible » miraculeux et illusoire me parait incompatible avec un parcours existentiel qui a pour centre de gravité la responsabilité vis-à-vis de cette part de vie que nous avons héritée (plus grande que notre petit moi), ce qui suppose une capacité de choix éclairé et lucide de qui nous voulons être dans une existence choisie (avec les limites connues et encore inconnues auxquelles elle nous confrontera). Rappelons que les limites sont inhérentes à tout organisme vivant (de la bactérie à l’homme), elles en sont la condition même (1). Sans limites aucune vie organisée et intégrée, aucune entité vivante ne pourrait se déployer, sauf dans l’imaginaire ; sans limites, l’unité corps-âme-esprit des êtres incarnés que nous sommes se disloquerait. Car, quand tout est possible, alors rien n’est possible existentiellement parlant !

Un recentrage salutaire

Face à ce constat, il m’a paru urgent de recentrer la pratique et le discours astrologiques en revenant à leurs racines concrètes issues de l’astronomie (sur lesquelles s’appuie notamment l’Astrologie conditionaliste) situées à l’antipode d’un au-delà purement imaginaire. C’est la principale raison qui m’a amené à poser les premières pierres de fondation de l’Astrologie existentialiste. Une astrologie revivifiée par les postulats existentialistes (capacité de se déterminer librement par soi-même, responsabilité de son devenir, de son existence) et conditionalistes (2). Face au désenchantement des approches éthérées et fatalistes de l’astrologie n’est-il pas vital de resituer la quête de liberté au cœur de nos propres existences, dans l’épaisseur existentielle et dans l’ici et maintenant de nos vies ?

Notes :

1 – Exemple de limites organiques : la peau est une limite ayant une fonction protectrice, mais aussi de régulation thermique entre l’externe et l’internet. Au niveau cellulaire la pression osmotique intra et extracellulaire doit être régulée sans dépasser certains seuils protecteurs.

2- Je cite Jean-Pierre Nicola, fondateur de l’Astrologie conditionaliste. Il évoque un des postulats qui devrait faire sens par son évidence : L’horoscope (ou thème astral) n’est pas le sujet.
« L’horoscope n’est pas le Sujet… Le problème de l’astrologie gagne ainsi en clarté : les planètes sont des corps matériels aux cycles significatifs pour le développement humain, leurs symboles viennent des hommes qui en sont les récepteurs et non pas des astres, sources de signaux et non de symboles. Comment les horloges externes du non-vivant peuvent entrer en résonance avec des horloges internes du vivant, j’en ai donné beaucoup plus qu’une idée dans Eléments de Cosmogonie Astrologique (Editions COMAC, 1992) à partir de formules communes au vivant et au non-vivant qui mettent en cause l’atome d’hydrogène. Mon travail a été repris et étoffé par Jean-Paul Citron dans son article « Le signal hydrogène » (Cahiers Conditionalistes n° 28). Pour résumer : l’astrologie conditionnelle se définit par la recherche des modes de relations et d’adaptation entre le conditionnement céleste et le conditionnement terrestre. D’un côté le ciel avec ses signaux connus et inconnus, de l’autre l’humain, avec ses signaux spécifiques et ses symboles. L’étude de leurs relations exige d’explorer toutes les voies de la réalité, toutes les branches du savoir. » (Entretien avec Jean-Pierre Nicola par Alain de Chivré, ex-président de la FDAF (Fédération des astrologues francophones).